- droguer
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• 1554; de drogue1 ♦ Faire prendre à (un malade) beaucoup de drogues, de médicaments. Locke « recommande fortement de ne jamais droguer les enfants » (Rousseau). — Pronom. (1638) Prendre de nombreux médicaments. Il ne se soigne pas, il se drogue.3 ♦ SE DROGUER v. pron. réfl. (déb. XXe) Prendre de la drogue, des stupéfiants. ⇒fam. se camer, se charger, se défoncer; aussi 1. fumer, se piquer, se shooter, snifer. Un jeune qui se drogue. — Fig. Une personne droguée de travail.droguer 2. droguer [ drɔge ] v. intr. <conjug. : 1>• 1808; de drogue « morceau de bois fourchu » que l'on gardait sur le nez pendant un ancien jeu de cartes♦ Fam. et vieilli Faire droguer qqn. ⇒ attendre. « Le campagnard ne vous fait droguer que lorsqu'il est sûr de votre patience » (Romains).droguerv.rI./r v. tr. Péjor. Faire absorber beaucoup de médicaments à (qqn). Droguer un malade.rII./r v. Pron.d1./d Péjor. Prendre trop de médicaments.I.⇒DROGUER1, verbe trans.A.— Péjoratif1. [L'obj. désigne une pers.] Administrer à quelqu'un, à son insu, dans une boisson ou dans un plat, une substance dont les propriétés ont des effets (généralement désagréables ou fâcheux) sur l'organisme. Regarde, ça y est encore, va! Il m'aura droguée, j'ai la bouche amère comme si j'avais avalé des vieux sous (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 38).2. [L'obj. désigne un nom de chose] Vieilli. Altérer la qualité de (une substance) en y incorporant une autre substance, une drogue. Chavirer [quelque curé de campagne] en droguant son vin de cendre de pipe (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 212).B.— Faire prendre des drogues, des médicaments à (quelqu'un).1. Gén. péj., fam. Faire prendre à quelqu'un beaucoup de drogues, de médicaments. Ami des anciennes formules de l'apothicairerie, droguant ses malades ni plus ni moins qu'un médicastre, tout consultant qu'il était (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 235). Le docteur Juillerat était fatigué de la droguer (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 73).— Emploi pronom. réfl., fam. J'en ai assez de me droguer monsieur le Morticole (L. DAUDET, Amour songe, 1920, p. 10).2. Vx, rare. Soigner en administrant une drogue, une substance thérapeutique. Le vigneron aux mains habiles à droguer la plante souffrante (HAMP, Champagne, 1909, p. 117).C.— En partic., cour.1. Faire prendre à quelqu'un de la drogue, des stupéfiants. Les drogués veulent droguer tout le monde; vous voulez que tout le monde écrive (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 154).— Emploi pronom. réfl. S'adonner à la drogue. Visiblement elle se piquait, se droguait (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 27). Vous avez tort de vous droguer tellement, mon pauvre gentil. L'héroïne ne vous vaut rien (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 956) :• 1. Il m'avait beaucoup parlé de ce Felton, qui jouait du tambour la nuit, qui conduisait un taxi le jour et qui se droguait nuit et jour; sa femme faisait le trottoir et se droguait avec lui.BEAUVOIR, Mandarins, 1954 p. 439.2. P. anal. [Le suj. désigne une chose qui intoxique l'esprit] :• 2. Il était un de ceux que nous admirions le plus. Paris l'a drogué — je ne pense pas à l'opium, mais au succès qui est un opium de mauvaise qualité — et finalement l'a tué.GREEN, Journal, 1949, p. 239.Prononc. et Orth. :[
], (je me) drogue [
]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. droguet avec l'imp. droguais, droguai(en)t. Étymol. et Hist. 1. 1554 [éd. 1557] « frelater (du vin) » (B. ANEAU, Trésor de Evonime, 182 ds HUG.); 2. 1611 « administrer des médicaments » (COTGR.); 3. 1903 « administrer, prendre des stupéfiants » (COLETTE, Cl. s'en va, p. 86); 1930 drogué adj. (MAURIAC, Ce qui était perdu, p. 115); 1934 subst. (ID., Journal, p. 8). Dér. de drogue1; dés. -er. Fréq. abs. littér. :31. Bbg. ROG. 1965, p. 110.
II.⇒DROGUER2, verbe intrans.A.— Vx, fam. Garder la drogue sur le nez jusqu'à ce qu'on soit gagnant à la drogue (v. drogue2; cf. WILL. 1831).B.— Au fig., fam., vieilli. Attendre longtemps, en perdant son temps, en s'ennuyant. Synon. faire le pied de grue, se morfondre. D'abord deux années à droguer dans Paris, à regarder, sans y toucher, les « nanans » dont nous sommes friands (BALZAC, Goriot, 1835, p. 121). Tout ça ne me dit pas pourquoi vous étiez là à droguer (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 134) :• Combien voyons-nous de petits jeunes gens qui « droguent » dans Paris pendant des années sans arriver à pouvoir insérer un article dans un journal!BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 378.— Emploi factitif. Tu te moques pas mal de moi, toi!... Me faire droguer à t'attendre! (SARDOU, Rabagas, 1872, II, 6, p. 67). Aussi pourquoi l'avait-on laissé droguer sur la route de Saint-Denis (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 458). Celui qui n'a du tout scrupule de me faire droguer (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 129).Prononc. et Orth. :[], (je) drogue [
]. Ds Ac. 1932. Homon. droguet avec l'imp. droguais, droguai(en)t. Étymol. et Hist. 1829 (BOISTE). Dér. de drogue2; dés. -er. Fréq. abs. littér.:15. Bbg. SAIN. Lang. par. 1920, p. 390.
III.⇒DROGUER3, verbe intrans.Arg., vieilli. [Correspond à drogue3]A.— Marauder. Droguer et ballader par la vergne (ESN. 1966).B.— Mendier. J'aime mieux poisser que de droguer : j'aime mieux voler que de demander la charité (d'apr. Dict. « Myst. Paris », 1844, p. 43).Prononc.:[], (je) drogue [
]. Homon. droguet avec l'imp. droguais, droguai(en)t. Étymol. et Hist. 1630 droguer et ballader (Response et Complaincte au grand Coesre ds SAIN. Sources Arg. t. 2, p. 332). Dér. de drogue3; dés. -er.
1. droguer [dʀɔge] v. tr.ÉTYM. 1554, « frelater du vin »; « administrer des médicaments », 1611; de 1. drogue.❖1 Faire prendre à (un malade) beaucoup de drogues, de médicaments. || Médecin qui drogue ses malades.1 Le sage Locke qui avait passé une partie de sa vie à l'étude de la médecine, recommande fortement de ne jamais droguer les enfants, ni par précaution ni pour de légères incommodités.Rousseau, Émile, I.2 (XXe). Soumettre (qqn) à l'effet des stupéfiants. || « Les drogués veulent droguer tout le monde » (S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 154).♦ Administrer un somnifère à (qqn, un animal). || Les cambrioleurs avaient drogué le chien.2 On n'a pourtant bu que deux verres, et on a l'habitude (…) — Ils ont dû nous droguer, dit Claude.Frantz-André Burguet, les Meurtrières, p. 224.——————se droguer v. pron.1 Prendre de nombreux médicaments (→ Faire de son corps une boutique d'apothicaire). || Il se détruira la santé à force de se droguer.2 Prendre de la drogue, des stupéfiants. ⇒ fam. Camer (se), argot schnouffer (se), et aussi fumer, piquer (se), sniffer. || Personne qui se drogue. ⇒ Drogué, intoxiqué, toxicomane.——————drogué, ée p. p. adj. ⇒ Drogué.❖DÉR. Drogueur.HOM. Drogué, 2. droguer.————————2. droguer [dʀɔge] v. intr.ÉTYM. 1808; de 2. drogue.❖1 Vx. Jouer à la drogue (2. Drogue); porter la drogue (2. Drogue) en gage.2 Fam. et vieilli. Attendre longuement. || Faire droguer quelqu'un.1 On ne voulait pas avoir drogué pour rien.J. Vallès, le Nain jaune, 14 mars 1867.2 « Tapez-là. Ou je m'en vais. Et vous ne me reverrez plus. » Le campagnard ne vous fait droguer que lorsqu'il est sûr de votre patience.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXII, p. 184.3 De temps en temps, il regardait sa petite tocante en plaqué or, et il se demandait si on allait le faire droguer à n'en plus finir.M. Aymé, Maison basse, p. 83.❖HOM. Drogué, 1. droguer.
Encyclopédie Universelle. 2012.